La gardienne
Bonjour et bienvenue au refuge des Conscrits. Voici quelques mots sur mon parcours.

Je ne suis pas originaire d’un territoire de montagne. Je suis née en Lorraine où mes parents sont arrivés de leur Hongrie natale en 1956, suite aux événements de Budapest. Durant mon enfance nous venions très souvent en vacances aux Contamines, commune où je réside désormais. Petite, j’avais ce rêve de venir vivre aux Contamines et, dès huit ans, de devenir gardienne d’un refuge de montagne. J'ai donc accompli un rêve de gosse, et j'en suis très fière !
Après quelques emplois saisonniers, notamment aux remontées mécaniques, j'ai commencé ma carrière de gardienne de refuge à 21 ans, au Refuge du Promontoire, avec mon compagnon de l’époque. C’était un sacré pari puisque je ne connaissais pas ce milieu de la haute montagne. J'ai donc dû me mettre assez rapidement à l'alpinisme et au ski de randonnée ! J’y suis restée 4 ans, jusqu’à l’arrivée de mon premier enfant. J’ai ensuite gardé le chalet de la Bérarde pendant 2 ans, avant de revenir aux Contamines. Cela avait alors plus de sens dans notre projet de famille. Je n’ai pour autant pas quitté le milieu professionnel de la montagne puisque j’ai exercé pendant 10 ans comme secrétaire au bureau des guides des Contamines. Lorsque le nouveau refuge des Conscrits a été construit, je n'ai pas été retenue au premier appel à candidature, mais j'ai persévéré ! J’ai commencé à garder le refuge en 2007, il y a maintenant 15 ans.
En parallèle de mon métier de gardienne de refuge, je suis engagée depuis 2009 sur la station belge Princesse Élisabeth en Antarctique. Cette base scientifique, située sur les contreforts du plateau antarctique, est ouverte uniquement durant l’été austral de novembre à fin février et accueille environ 30 personnes. J’y occupe un poste de cuisinière, je suis aussi en partie en charge des commandes et du suivi des stocks. L’organisation logistique au sein de la station est proche de celle d’un refuge. Par ailleurs, comme dans un refuge de haute montagne, on est clairement isolé dans un environnement hostile à la vie humaine. Cela fait écho à une interrogation qui m’est chère : quelle vie mène-t-on dans des endroits qui ne sont pas fait pour qu’on y vive ? Malgré tout, ce sont des lieux où les relations humaines ont une autre consistance, où l’on met en œuvre entraide et débrouillardise pour résoudre les problèmes rencontrés, qui sont parfois de véritables challenges. Les conditions de vie difficiles, la promiscuité, l’isolement, révèlent aussi les aspects plus profonds de nos personnalités.
Ce que j’aime particulièrement dans ce métier
C'est très simple : tout. Absolument tout me fait plaisir dans le déroulé d’une journée de gardienne de refuge. Bien sûr le saut du lit à 3h du matin n’est pas toujours facile, mais l’atmosphère particulière qui règne au petit déjeuner, en pleine nuit, est un moment que j’apprécie. L’ambiance est feutrée, la tension palpable, les alpinistes passent doucement du sommeil à la concentration, avant de quitter le refuge. Les lumières des frontales de chaque cordée s’éloignent alors peu à peu jusqu’à ce que le jour se lève. Ensuite j’éprouve la satisfaction de chaque tâche accomplie, de chaque problème résolu. J’aime remettre le refuge en ordre, faire la cuisine, accueillir les nouveaux arrivants. Chaque galère technique est un challenge en soi, et il est toujours très satisfaisant d’arriver à trouver, avec l'équipe, des solutions pour les résoudre.
La particularité du refuge des Conscrits
Le refuge des Conscrits est le refuge de mes rêves d’enfant. Il est situé en Haute montagne mais son environnement immédiat est proche de la moyenne montagne. Mes filles, enfants, y ont passé de beaux moments. Les abords sont verdoyants, couverts de fleurs à la belle saison. La clientèle est essentiellement constituée d’alpinistes, mais nous recevons aussi des randonneurs qui ont le pied montagnard.
Le bâtiment est très agréable, sain, lumineux, bien dimensionné. Cela enlève du stress tant aux clients qu’à l’équipe, et contribue à la détente et à l’ambiance apaisée.
Enfin, le refuge est au-dessus de chez moi. Ce qui est un atout tant sur le plan pratique que relationnel. Ma famille et mes amis sont dans la vallée pour le soutien nécessaire, logistique et moral, et les guides de la Compagnie de Saint-Gervais-Les Contamines peuvent me monter mon courrier récupéré directement dans ma boite aux lettres !
Au plaisir de vous accueillir là-haut,
Christine